8 mai 1998
- Amy, on part dans dix minutes ! Sam se tenait en bas de l'escalier de la petite maison de campagne qu'il avait loué aux abords de Londres, sous une fausse identité bien entendu.
Il se doutait que le nouveau gouvernement devait avoir des alertes si son nom venait à sortir de registres, même moldus. C'est ainsi que Samuel Jones était arrivé à Londres, avec sa fille, par avion depuis les USA. Après tout, c'était ainsi qu'il avait pu échapper durant de longues années à son père : en vivant aux yeux de tous, mais sous une identité différente.
Les soupçons ne se posent pas sur un père célibataire qui voyage avec sa fille à travers le monde, pas contre, un homme ermite qui tente de cacher sa fille aux yeux du monde, là c'est suspect.
Tout en préparant les dernières affaires pour Amy, il écoutait d'une oreille les informations moldues qui parlaient encore d'événements étranges et de disparitions inquiétantes. Être moldu n'était pas une bonne chose par les temps qui courraient. Mais quand on était sorcier et qu'on se cachait du gouvernement, cela restait encore la solution la plus sûre.
Il entendit Amelia descendre les escaliers, et quelques instant plus tard ce fut le bruit des clés dans la porte d'entrée, du claquement de portière et le vrombissement de la voiture.
Avec « Dream on » d'Aerosmith à fond, le père et la fille chantaient sur la petite route de campagne. Amelia laissa son père monter seul dans les aigus vers la fin de la chanson. De son côté, Sam assumait pleinement la prouesse vocale qui aurait fait hurler tous les chiens alentour. Une fois cette exploit fait, la fille rejoignit son père pour le dernier refrain, minant l'air de la musique sur une guitare invisible.
Cela faisait près de trois mois qu'ils avaient été à leur concert à Raonoke lors de leur Nine Lives Tour. Cadeau d'anniversaire pour les 14 ans de son Amy. Il allait devoir se creuser les méninges pour ses 15 ans...
Après une vingtaine de minutes de trajet, ils arrivèrent devant le collège. Ils étaient habitués à ce rituel : Amelia allait au collège en journée et le soir elle apprenait la magie avec son père.
Sam attrapa le sac de sa fille sur la banquette arrière et le lui tendit en lui souhaitant une bonne journée.
- Merci Papa, à ce soir. Le ciné tient toujours ?
- Toujours. Je dois bien me rattraper pour le film d'hier soir.Amusée, l'adolescente partit rejoindre le flux d'élèves qui se dirigeait vers l'établissement.
Oui, il devait se rattraper pour le film qu'ils avaient loué la veille, et ça valait bien un cinéma.
Le Loup-garou de Paris. Ils s'attendait à un hommage au
Loup-garou de Londres à la place ils ont eu un massacre... Amelia voulait aller voir
Deep Impact, il lui devait bien ça. La dernière fois qu'il avait laissé Amelia choisir c'était pour
Titanic, il n'était pas si mal mais trois heures de film... Elle avait dit ne pas aimer parce qu'il y avait de la place pour Rose et Jack sur le reste de porte.
Maintenant qu'il avait accompli son rôle de père en emmenant sa fille à l'école, il devait continuer ce qu'il faisait tous les jours depuis qu'ils étaient arrivés : trouver un boulot et une meute. Il savait que sa situation serait toujours irrégulière tant qu'il ne serait pas rattaché à une meute officielle. Il avait déjà croisé (de loin) des loups de Greyback et il refusait de laisser sa fille près de cette bande de dégénérés. Il recherchait plus des loups d'une autre meute, celle de l’Émeraude.
Alors qu'il se demandait par quelle tâche il allait bien pouvoir commencer : job ou meute, une odeur vint à lui alors qu'il était à un feu rouge. Il tourna la tête et aperçut un jeune loup-garou, lycéen à en voit sa tenue et son sac de cours. Il respira un peu plus et eut la confirmation qu'il cherchait : le jeune homme vivait avec d'autres loups et il ne reconnaissait pas l'odeur de la meute de Greyback. Si c'était bien celle qu'il pensait, c'était juste génial. Après, il devait l'aborder sans le faire paniquer, et du haut de ses deux mètres six, ce n'était pas gagné.
L'idéal, c'était de se garer et de le suivre discrètement en cherchant comment l'aborder. La solution du « Hey gamin ! Je cherche une meute, tu es d'accord pour me présenter à ton alpha ? » risquait d'être un peu trop brusque. Et à l'approche de la pleine lune, être brusque avec un loup, probablement jeune, n'était pas l'idée du siècle.