Denis Yankel [Loup-Garou]

"Au cœur d'un manoir, un enfant vit le jour..." Non, je recommence. "Au cœur d'un studio, un enfant joufflu vit le jour. Sa maman n'avait pas eu le temps d'aller à l'hôpital et avec son copain qui n'était pas fichu de prendre ses responsabilités en face, elle se retrouva bien vite à accoucher dans son salon." Et oui, je suis né en plein milieu du living room, avec ma grand mère comme sage femme. D'ailleurs si ma mamie n'avait pas été là, je ne suis pas sûr qu'en ce moment même, je vous raconterai mon histoire. C'est grâce à elle que je suis ici, bien vivant et en bonne santé (quoi que avec ce qui m'est arrivé... je me demande si je le suis toujours mais ça, vous le saurez un peu plus tard).

A vrai dire, le début de ma vie est aussi plat qu'une omelette. On ne m'a pas battu, je n'ai pas fini dealer de drogue ou tatoué de la tête au pied. Je n'ai jamais tenté de m'enfuir, je n'ai jamais fumé de joint ni fini alcoolique. Je n'ai fais le deuil de personne dans ma famille (à part mon poisson rouge. J'ai retrouvé ce dernier flottant la tête en bas en rentrant de l'école, parce que j'avais oublié de lui donner à manger. Le pauvre, j'ai encore du mal à m'en remettre.) Bref, rien de bien croustillant.

J'ai toujours vécu à Londres. J'ai bien été tenté de partir en voyage une fois mais, étant mineur à l'époque, on a vu mon départ comme une fugue. Je peux vous dire qu'avant même que j'atteigne la gare, ma mère m'a alpagué vite fait bien fait. J'ai été privé de sortie pendant des mois. (Sans exagération.) Vous imaginez? A 15 ans, privé de sortie, interdiction de voir ses amis, pas le droit de regarder la télé et dodo à 20h pétante. Punition insoutenable pour un ado. Je me demande d'ailleurs si je n'ai pas été traumatisé depuis. Enfin tout ça pour dire que je suis un anglais pur souche.

Au lycée, je suis plutôt le gars sympa, qui ne cherche jamais les ennuis. Je parle avec tout le monde, je me socialise. S'il y a bien une chose que je déteste, c'est les préjugés. Je n'aime pas qu'on colle des étiquettes aux personnes tout ça parce qu'ils sont considérés comme "différent" (A ma connaissance, nous ne sommes pas des produits de supermarché). Avec les filles en revanche, j'ai toujours été un peu maladroit, pas très fin. Un peu timide quand il s'agit de la gente féminine, j'ai tendance à faire des gaffes ou à bafouiller comme un gros bécasson parce que je n'arrive plus à trouver mes mots. Même si d'après certaines, j'ai du charme, je crois que j'ai beaucoup de chose à apprendre à ce niveau là.

Enfin, passons aux choses sérieuses sinon vous allez finir par vous ennuyer. Je continuais à vivre une existence normale quand tout a basculé. C'était un soir de pleine lune. (Un samedi soir pour être plus précis). J'étais tranquillement en train de glandouiller avec mes amis, dans un parc à côté d'une forêt qui, je dois admettre, me filait la chair de poule. On parlait de tout et de rien. On discutait, on écoutait la musique. (De la vraie musique hein, pas celle qui vous donne envie de hurler parce que vous l'avez en tête toute la journée). Un copain m'avait aussi tendu sa cigarette pour que j'essaye. PLUS JAMAIS. A la première bouffée, j'ai toussé comme un zombie avec l'infime conviction que j'allais mourir. Bref, tout ça pour dire que c'était une soirée tout à fait basique. Il n'y avait rien de folichon à part qu'on riait bêtement aux blagues carambars de Marco, qui n'en ratait pas une pour faire le pitre.  A un moment, ce dernier à décidé de faire un tour dans la forêt. C'était peut-être la pire idée qu'il n'est jamais pris de sa vie. On s'est retrouvé à cinq dans le noir le plus complet, à se serrer les uns contre les autres parce que mine de rien, on avait la frousse sans oser se l'avouer. Il y avait plein de bruits bizarres. Des bruits qui vous donnent des frissons. Je m'imaginais comme dans ces films d'horreurs, à guetter le moindre faux pas au cas où un tueur en série avait décidé de nous tomber dessus et de nous massacrer jusqu'au dernier.

Manque de chance, alors que je ne regardais pas où j'allais, j'ai trébuché contre une branche d'arbre et je me suis étalé par terre comme un tapis de bain qu'on déroule. La scène aurait pu être très comique si je ne m'étais pas retrouvé nez à nez avec un animal. Il ressemblait à un gros chien tout poilu sauf que ce n'était pas un chien.... J'ai mis du temps à le comprendre mais c'était plutôt un loup. Un gros loup tout noir qui n'avait qu'une seule envie : me manger tout cru ! J'ai hurlé comme une fille (sérieux, ça ne devait pas être joli à entendre. C'était un cri aiguë, pas du tout viril.). Je me suis relevé tant bien que mal puis j'ai couru, couru en me mangeant des branches au passage. Mes amis n'étaient plus là. Je n'avais aucune idée de l'endroit où j'allais. Je crois que j'ai pleuré aussi... je m'en souviens plus. Tout ce dont je me rappelle, c'est que j'ai été bien vite rattrapé et que ce gros nounours m'a mordu... la suite, plus rien. C'est le trou noir. Quand je me suis réveillé, je me sentais pas bien du tout. Heureusement, deux hommes m'ont trouvé, agonisant là dans la forêt. Il y avait Luke et Mathias. Tout deux m'ont sorti de ce mauvais pas et me voilà devenu loup-garou.

Depuis, je vis avec la meute. J'apprends tous les jours de nouvelles choses. J'ai encore du mal à imaginer que je suis devenu un vrai loup-garou, avec des poils, des griffes, tout ça... mais j'ai bien l'intention de faire de mon mieux pour apprivoiser cet animal qui vit désormais en moi. J'ai aussi appris que les sorciers, les créatures genre dracula existaient aussi. Vous imaginez le choc ! Moi, Denis Yankel, petit lycéen qui passe le Bac à la fin de l'année, se retrouve avec tout un panel d'informations que je dois digérer. Une chose est sûre, c'est loin d'être fini. Je me sens encore un peu perdu avec tout ça mais en tout cas, j'ai appris à aimer mes nouveaux amis. C'est un peu ma deuxième famille et je sais qu'ils seront toujours là pour m'aider, quoi qu'il arrive.